A partir du 1er septembre 2018, les produits composés d’imidaclopride ne peuvent plus être utilisés en France pour traiter les semences. Ce retrait touche en premier lieu le Gaucho, cet insecticide systémique de la famille des néonicotinoïdes connu pour sa grande efficacité. Les agriculteurs vont donc devoir trouver une autre solution pour protéger leurs céréales d’hiver. Voici un point complet sur la situation, afin de mieux comprendre les conséquences liées à l’arrêt du Gaucho et les moyens à mettre en œuvre pour s’adapter à cette récente interdiction.

Une surveillance accrue des infestations

Le retrait des produits à base d’imidaclopride prive les agriculteurs d’une solution préventive globale pour protéger les cultures. Il est indispensable désormais de surveiller activement les plantations afin de déterminer la présence ou non de pucerons. Les insecticides autorisés fonctionnant uniquement par contact, il devient nécessaire de repérer une infestation pour pouvoir éliminer les pucerons. Appliquer le traitement de façon préventive à une date fixe serait ici sans effet. La surveillance des parcelles joue maintenant un rôle majeur dans la lutte contre les pucerons. Une observation hebdomadaire des plantes est à recommander durant tout l’automne. Les pucerons adultes se déplacent à partir de 10 à 12 °C. Des températures basses, entre 0 et 5 °C, limitent leur activité mais ne les tuent pas. Comme les pucerons peuvent se dissimuler sous les feuilles ou les mottes de terre, il est conseillé de se reporter aux Bulletins de Santé du Végétal (BSV) locaux.

Le recours aux insecticides par contact

L’interdiction du Gaucho a une conséquence immédiate : seuls des insecticides par contact peuvent être employés à présent pour lutter contre les pucerons. Or, ceux-ci ne possèdent aucune action préventive réelle : ils doivent toucher directement les cibles pour les éliminer. Traiter les cultures en l’absence de pucerons ou lorsque les conditions climatiques ne sont pas optimales (pluie, vent, forte humidité) serait au final très peu rentable. Il s’agit d’un changement majeur dans le mode de fonctionnement pour les agriculteurs. Des volumes de bouillie plus importants doivent par ailleurs être déployés (de l’ordre de 200 l/ha) en raison de la faible persistance des produits. Si les conditions climatiques favorisent les infestations, comme en 2015 où les pucerons ont perduré jusqu’en décembre, un renouvellement du traitement devra être envisagé.

Des doses plus importantes nécessaires

Les produits homologués pour la lutte insecticide contre les pucerons sont désormais constitués de lambda-cyhalothrine ou de substances appartenant à la famille des pyréthrinoïdes. Si les premiers sont légèrement plus efficaces pour les infestations de moindre importance, les agricultures devront utiliser ces produits de manière plus importante que les anciens insecticides systémiques retirés du marché. Les pesticides foliaires comme le pyrèthre sont en effet de moindre efficacité par rapport au Gaucho. Pour obtenir des résultats similaires, le ciblage des pucerons devra gagner en précision. Les pyréthrinoïdes ne peuvent en aucun cas être employés à la manière du Gaucho : toute utilisation systémique est à déconseiller.